• Il y a des mots qui nous collent au palais comme une entêtante mélodie qu'on fredonne encore et encore pour s'en libérer ou pour mieux s'y enferrer...

    Ces mots capiteux titillent, caressent, embrassent, enserrent. Si doux à prononcer, si bon de se rappeler, quel pied de s'y enfouir...

    à leur évocation frétillants nous partons en vrille dans une sarabande loquace, s'achevant non sans fatalité sur un couac pointé qui nous fissure et nous fend en filaments verbeux. Vous avez beau vous dire, non, je n'en parlerai. Non, je ne prononcerai pas ces mots si forts, si riches que de grisants en deviennent pesants. Non, je ne les ferai pas sortir de l'ombre où posés ils sont censés se faire oublier. Non, je ne ferai pas réapparaître ce qui s'est évanoui dans une pirouette, ce qui a choisi de ne plus être.

    Pauvres velléités...

    Il y a des mots qui reviennent comme un leitmotiv obsédant quoi qu'on fasse.

    Il y a des mots qui nous possèdent quoi qu'on dise.


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  • Quand j'étais petite, mes parents m'ont toujours dit que lorsque les monstres fantasmagoriques se montraient trop menaçants, il suffisait...

    Mes parents ?...

    Si j'avais osé raconter à mon père qu'à la nuit tombée des monstres qui se terraient le jour au fond des placards, sous les lits et même dans les recoins des tiroirs, profitaient de l'obscurité pour venir me tourmenter ; il m'aurait lancé un de ses regards rien qu'à lui, aurait pris une profonde inspiration avant de m'expliquer bien carré, que ces bruits de pas n'étaient que le craquement des solives et des planchers,  ces sifflements menaçants le vent coulis, ces ombres grimaçantes rien que des ombres, car voyons chérie les monstres ça n'existent pas.
    J'ai dû en parler à ma mère... Sans doute m'a-t-elle serrée très fort dans ses bras en lançant des regards affolés, elle aussi les voyait. Elle a dû me dire d'une voix mal assurée qu'elle était là et tant qu'elle serait là ils ne pourraient rien contre son ange. J'ai dû la croire un peu, un peu seulement, car j'avais déjà commencé à comprendre que ses démons la taraudaient depuis si longtemps qu'ils ne la lâcheraient jamais.

    J'ai sûrement lu cela quelque part, un jour... Peu importe après tout.

    Donc, quand j'étais petite, on m'a toujours dit que lorsque les monstres fantasmagoriques se montraient trop menaçants, il suffisait de faire comme si de rien n'était, agacés par si peu de considération, ils s'en iraient tout simplement. Alors, je racontais des petits riens d'enfants, des historiettes mignonnes et gentillettes qui dissipaient les brumes glacées de ces visions cauchemardesques.

    Le temps a passé... Les monstres ont de nouveaux visages et d'autres noms, ils sont devenus plus forts, plus malveillants, plus difficiles à chasser, parfois même ils m'attrapent, m'enserrent de leurs griffes et étouffent ma voix...

    Alors, je continue à fredonner et à raconter mille et une fadaises...


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  • Et alors... Les œufs sont montés joyeusement en neige. :-)

    Cela a été une très bonne soirée sans esclandre, ni coup de fourchette, ni même le moindre petit grincement de dent. Les sourires ont fleuri, les rires ont sautillé, les blablas ont fusé.

    Les princes charmants de mes amies étaient vraiment charmants, ils ont même été drôles, et aucun n'a commis l'impardonnable faute de goût de se retransformer en ogre ou en grenouille avant la fin du repas. Les contes de bonnes femmes pour une fois n'ont point menti. Mes amies se sont bien entendues et se sont conduits comme des dames, malgré, il est vrai, quelques incartades aux bienséances langagières, et oui, les traditions se perdent même chez les princesses.

    Je n'ai donc pas eu besoin d'avoir recours aux incantations que vous m'aviez données pour mater d'éventuels monstres déguisés ou empêcher les carrosses de se transformer en citrouille. Mais je les avais tout de même murmurées avant le repas, histoire de mayonnaiser en toute zénitude et d'arrêter de couper les carottes en quatre. C'est plus savoureux de les fumer en entier.

    Désolée pour les amateurs de carnage qui resteront sur leur faim...


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  • Samedi, je reçois et je suis déjà dans tous mes états, pour des tas de raisons toutes plus raisonnables les unes que les autres.


    Bon, j'avoue que j'appréhende de recevoir des gens d'ici, les gens d'où je viens ne font pas de chichi. La dernière fois qu'ils vinrent, mon modeste dîner, visiblement pas assez carné pour certains de mes hôtes, prit des allures whartoniennes à mon plus grand désarroi. Deux de mes invités avaient décidés d'ajouter au menu la maîtresse de maison, histoire d'arranger le repas à leur sauce. Chacune de leur bouchée fut l'occasion de jouer de la fourchette et du couteau, tout y passa. Ils critiquèrent en croquant voracement ma décoration inachevée, ma jupe décidément trop longue, mon gâteau raté, c'était vrai mais fait avec tellement d'amour ; mes bouches d'aération, ô misère, non nettoyées, je les avaient oubliées ces vilaines pendant mes quatre heures de récurage ; mon langage si disgracieux, j'avais osé, ô scandale, dire « chiant » et « chieurs », c'est si laid dans la bouche d'une femme, une vraie dame ne doit au grand jamais dire de si vilains mots,... Autant vous dire, qu'ils m'ont patiemment déchiquetée à l'aide de couperets fournis par la maison...
    N'ayant aucune vocation pour jouer les agneaux sacrificiels ou les dindons, je ne les ai pas encore réinvités.


    Certes, là j'invite trois de mes amies qui sont charmantes et ne font pas de façon. Mais deux d'entre elles sont accompagnés de leur « cher et tendre » que je ne connais pas... Les princes charmants sont parfois si compliqués avec leur brushing, leurs capes bien repassées, leurs chemises à col tralala et leurs palais si délicats... Espérons que ces deux-là au moins ne sont pas des ogres déguisés, amateurs à l'occasion de chair fraîche... Autant vous dire que j'ai prévu, j'ai pris de la viande bien saignante, de la bière et du vin pour essayer de les amadouer.

    En plus, ces jeunes femmes ne se connaissent pas, et par hasard des disponibilités de chacun, j'aurai Miss excentrique et Miss posée et réfléchie la même soirée. Alors, j'ai acheté de la glace à la framboise, on ne sait jamais en cas d'échauffement des esprits.


    Tout va bien. Ce n'est qu'un repas.

    Il faut juste que la mayonnaise prenne... La mayonnaise c'est comme la mousse au chocolat, c'est une question de température... Et moi, mon thermomètre interne en ce moment oscille sans arrêt... Satanés perturbations atmosphériques !


    Enfin, bref samedi je reçois et je contrôle la situation...

    J'ai cherché une nappe pendant deux semaines, une nappe toute simple jaune avec un liséré rouge, que je n'ai pas trouvé. Mais c'est pas grave ce n'est qu'un détail.
    J'ai acheté des poivrons verts qui ont des reflets blanchâtres et des poivrons rouges qui ont vécu de drôles d'aventures qui les ont rendus gigantesques et boursouflés. Mais c'est pas grave ce n'est qu'un détail.
    J'ai acheté du vin blanc, du rosé mais pas de rouge... J'aurais peut-être dû... Mais c'est pas grave ce n'est qu'un détail.

    Il me reste encore un millier de détails de ce genre à régler : acheter encore des bricoles, récurer ma maison sans oublier les aérations à faire briller, ...


    Je suis coincée au boulot alors que je n'ai qu'une envie c'est d'être à demain.

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  • Muse - Sunburn



    J'avais tout enfermé dans une boîte que j'avais mise dans une boîte plus grande puis dans une autre encore plus grande. 
    J'avais toujours eu un faible pour les poupées russes, leurs joues roses, leur sourire factice et leur vacuité ? Cerise sur le gâteau, elles démultiplient le vide à l'infini comme la vache qui rit.

    Tout était bien ficelé, cadenassé, bien rangé dans un coin.


    J'aime quand tout est à sa place, comme ça les moutons seront bien gardés.

    Le temps a passé.
    Un, deux, trois ...Nous irons dans les bois... Quatre, cinq, six... Cueillir des cerises...



    Je pensais être assez forte...
    Il ne faut jamais douter de rien c'est plein de gens qu'il l'ont dit.

    Alors, je l'ai sortie du sombre recoin où elle était restée, posée mais pas oubliée. J'ai enlevée une à une les chaînes qui sont tombées dans un joyeux tintement.
    Les chaînes, c'est bien connu, ça tinte joyeusement quand on les enlève, ça grince lugubrement quand on les porte et quand on les met... Ben là, on n'entend rien, les cris du condamné couvrent leur bruit.

    Puis je l'ai entrouverte juste un peu, un tout petit peu, pour y jeter un coup d'œil, pour voir si c'était encore là...
    Stupide présomptueuse ! Pandore, combien de fois encore feras-tu la même connerie ? Une fois t'a donc pas suffi !

    Le souffle chaud s'est échappé et a brûlé ce qui avait été reconstruit.
    Une paire de lunette et une crème solaire haute protection, voilà ce qu'il aurait fallu.


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