•    Workalcoolic, caféinoman, je nage entre deux eaux. Perceptions ouatées, langoureuses sensations de lenteur, tout me parvient décalé.

       Mon cerveau au ronronnement hypnotique a parfois des ratés, à toute berzingue  pourtant il analyse toutes ces données disparates qui sourdrent d'un monde bringuebalant. Simple spectatrice, j'observe grisée ce tohu-bohu primitif.

       Légère nausée, migraine lancinante, engourdissement des jambes, fourmillement des mains, tressautements des paupières, le corps s'anime d'une vie rien qu'à lui.

       La nuit, je déambule loin du repos réparateur jusqu'à ce que les heures se confondent et se fondent dans un magma fangeux. Errances nocturnes détruisant  les garde-fous un à un, elles laissent, les vilaines, le champ libre aux monstres enfouis guettant sournoisement dans l'ombre.

       Sommeil transmué en frénésie analgésique, coma oublieux imprégnant d'une moiteur glauque jusqu'aux jours, me rongeant insidieusement.

       Dans cette torpeur, des fragments de réalité m'arrivent violemment. Eclaircies fugitives surgissant la nuit ou au milieu du commencement de quelque chose, égaré un instant, le cerveau tend vers...rien. Implacable hallucination, la brume collante et froide s'impose et règne.

       Pousser la machine au seuil de la rupture. Tenir, tenir, surtout ne pas s'arrêter, ne pas penser, oublier.

       Plaisir malsain, je me vautre dans cette mare oublieuse. Je me dissolve. Je ne suis plus...

       Demain, la gueule de bois sera terriblement trouble.


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  •     Chaque matin un rite immuable marque le passage des limbes duveteuses de Morphée aux contours acérés d'Amaterasu ; simple formalité expédiée sans coup férir ou combat acharné aux marques saillantes ; en tout cas il est sûr que repose sur cette passe d'armes le cours de toute une journée. Je vois poindre chez certains un sourire sceptique presque moqueur. Font-ils partis des petits chanceux préservés, on ne sait comment des vétilles existentielles ? Ou bien leur sourire grinçant dissimule-t-il des tragédies d'alcôve ?
        En effet, trop souvent, les toisons volent aux vents et n'en font qu'à leur tête parce qu'elles le valent bien. Mise en plis, bigoudis, crêpage, défrisage, rien n'y fait et ce malgré les défis techniques sans cesse relevés par Garnier, L'Oréal, Timothée et compagnie dont les promesses enjôleuses tombent trop souvent à plat. Un rien échevelées nos crinières se refusent à toute structure. Alors certains jours, rien à faire : cheveux raplapla ou à l'épaisseur indomptable, gras, collants ou secs et cassant, bouts fourchus ou qui rebiquent, frisottis ou mèches rebelles en épis, ou encore ternes, sans reflet ou grisonnants, ... Trop ou pas assez, c'est la triste chanson des tignasses mal-aimées.

        Un de ces matins particulièrement difficile, je renonçai à me faire des cheveux blancs en essayant en vain de mettre en forme des cheveux rétifs à toute coiffure. Il n'était plus temps pour les demi-mesures, il fallait prendre le mal à la racine.
        De passage dans une ville à peine connue, je me mis en quête d'un coiffeur. Une rue suivie d'une autre, puis d'une autre... Où aller ? Rien ne ressemble autant à un salon qu'un autre salon... Arrêtons de couper les cheveux en quatre, celui-ci me paraît bien. A peine entrée, on me proposa de me prendre tout de suite, j'aurais dû me douter qu'il y aurait un cheveu.
        Je fus pris en main par un coiffeur ni efféminé, ni médisant mais tout de même légèrement baratineur. Pendant le traditionnel shampoing, je fus un peu noyée par son flot de paroles où surnageait quelques îlots de mots : « Vous avez des cheveux magnifiques... Mais non, voyons ! Je ne dis pas ça à tout le monde... Vous avez bien fait de venir, ils ont besoin d'être rafraîchis... Vous savez ce n'est pas bon d'avoir les cheveux longs... Vu que la vie d'un cheveu n'excède pas trois mois, il est anormal de les garder longs... » Je tiens à préciser que long pour lui se situait au-delà des épaules. Que feraient les coiffeurs, si on ne se coupait pas les cheveux ?
        Je commençais à avoir mal aux cheveux sous ce verbiage et je n'étais même pas encore peignée. Heureusement, saint Louis me réservait une surprise. Cette conversation aux allures de soliloque, prenait un autre tour. Notre banal coiffeur d'origine provinciale était monté à Paris et n'en était plus reparti. Cette ville l'avait conquis, il ne se lassait pas d'arpenter son pavé dès qu'il le pouvait. Cette ville l'habitait et lui hantait ces ruelles charmantes qu'il explorait inlassablement. Histoire commune sans doute, mais son visage s'éclairait d'une passion contagieuse. Son Paris donnait envie : il avait une nouvelle coupe et des reflets chatoyants. Son Paris d'hier et d'aujourd'hui résonnait des chansons de Brel, Ferré et Brassens. Ce dernier, il l'avait bien connu, un grand homme avec qui on pouvait parler de tout.

        Emportés tous deux  par son récit, le temps s'abolit.


        Et ma coupe, vous me direz, celle qui me devait me donner une autre allure. Hé ben ... Une autre allure c'est certain...

        Pour une charmante conversation, on n'est pas à quelques cheveux près . Et puis, rien ne sert de s'arracher les cheveux, ces derniers repoussent après tout.


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  • Aujourd'hui la journée a été longue...

    J'avoue ces derniers temps, mes posts jaunis et clairsemés ressembent étrangement à ma pelouse défraîchie.

    Pourtant, j'aurais tellement voulu faire pousser des mots fleuris sentant bon encore l'été finissant au lieu de me laisser enserrer par les rets du quotidien.

    Qui sait demain une brise marine secouera mon esprit ...


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  • Je ne suis qu une simple femme et je n'ai malheureusement aucun pourvoir magique ou cosmique. J'ai vérifié : je ne peux pas décrocher les étoiles ou la lune et vu sa grosseur ce devrait pourtant être facile, je n'ai pas le pouvoir d'arrêter les trains ou de soulever les jupes des filles - ce qui est particulièrement rageant puisque c'est à la portée d'un ourson-, enfin je ne peux même pas me cacher dans un trou de souris. Alors, j'avoue que j'ai parfois dû mal à suivre le rythme effréné de la vie et à faire face aux vilains tours du destin.

    Tous les jours de la semaine passée, mon patron tout content a joué avec son nouveau pouvoir : celui de la multiplication des dossiers. Mais comme par hasard, il a oublié de me montrer celui qui permet de les faire disparaître par enchantement.
    Jeudi, j'ai été voir un grand marabout blanc connu sous le nom d'Ostéo qui m'a promis avec un grand sourire que je n'aurais plus mal au dos. Depuis, complètement désarticulée, mon esprit surnage entre deux violentes migraines que les drogues occidentales n'amoindrissent pas le moins du monde.
    Toujours jeudi, un jour faste sans nul doute, mon ordinateur a subi une attaque démoniaque. Il a fallu de toute urgence faire un exorcisme. Depuis, il va cahin-caha en se heurtant dans des tas de trucs. Le pauvre sa mémoire a été endommagée, il lui faudra du temps pour la retrouver.
    Et avec tout cela tous ses petits riens qui mit bout à bout font des tas dont on ne sait que faire.

    Bon ouf, c'est lundi ... Une nouvelle semaine commence...

    Euh... Quelqu'un peut me prêter le don d'ubiquité parce que là, je sais pas comment je vais faire...

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  • Conversation entendue dans la rue il y a deux semaines ou était-ce en 1982...


    T : Ca va pas... Je suis en train de perdre pied...

    N : Tu sais dans c'est cas-là, il faut relativiser. C'est ce que je fais par exemple quand j'ai plus rien à bouffer.

    T : (Regard perplexe, moue dubitative)

    N : Ben oui, relativiser. Tu sais en ce moment il y a la guerre au Liban.


    Ce post comme son titre l'indique est une remise en perspective. Il ne veut en aucun minimiser les drames, les chagrins ou les soucis collectifs ou individuels qu'ils soient passés, présents ou à venir.

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