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Le grand méchant loup n'est plus ce qu'il était
Sarah Moon
Jadis, terrifiant croque-mitaine qu'on brandissait devant les vilains galopins pour leur rappeler que tous les forfaits, grands ou petits, seront punis un jour ou l'autre. Aujourd'hui, tu fais pâle figure devant le panthéon des grands monstres griffus, dentés à la férocité aiguisée. Ce n'est qu'un instinct de survie et une faim bien modeste qui te pousse à chasser et pas une cruauté perverse qui t'inciterait à réaliser des atrocités sans nom. Seuls les nostalgiques d'antan ont encore un vague frisson en te croisant dans une ruelle obscure...
Ah, j'oubliais les bergers ... A l'évocation de ton seul nom, ils blêmissent toujours de rage et leurs mains se mettent à trembler d'une peur instinctive, ancestrale. Mais, de nos jours, il est plus facile d'attraper une panthère que d'apercevoir un loup dans nos montagnes.
Eh oui... Le grand méchant loup n'est plus ce qu'il était.
Cependant, ce grand carnassier hante encore notre imaginaire sous d'autres formes plus effrayantes encore.
En complet veston, tu arpentes les ruelles sombres les soirs de pleine lune, mais aussi les autres soirs... Tu traques ta proie : celle qui aura cette fragilité si délectable, cette innocence revigorante, celle dont la sensibilité t'amusera et qui mine de rien titillera ta corde sensible, celle dont la volonté sera si agréable à fléchir un moment avant d'être dompté à ton tour, celle qui se transformera en Diane chasseresse et inversera les rôles t'entraînant dans de nouvelles calvacades, t'initiant même à de nouvelles galopades... Tu n'en feras qu'une bouchée de ces Bimbos alléchantes, ces séductrices si coquines qu'on ne sait plus qui des deux mène la danse, de ces mutines Lolita si timidement audacieuses, de toutes ces vierges plus ou moins effarouchées selon la gueule de la fourrure...
Séducteur des temps modernes, tu te pourlèches les babines plus ou moins discrètement, parfois la langue pendante un sifflement t'échappe, en rentrant tes griffes, tu attends l'instant pour bondir. Grrrr ! Elles sont si appétissantes ces donzelles délicatement apprêtées, beaucoup plus que ces bergères au naturel un peu fangeux, ces tendres enfants si vite avalés ou ces grands-mères parcheminées aux vieilles dentelles périmées.
Tu arpentes inlassablement les rues guettant ta proie, attendant ton heure... Pourtant, certains soirs, tu as le blues du loup solitaire. Tu es fatigué d'errer sans cesse en faisant le joli cœur désabusé. Et puis, c'est pas facile de les attraper ces sylphides aux pieds ailés qui n'ont pas froid aux yeux, il faut courir longtemps, c'est fatigant. Souvent tu ne sais même plus qui chasse qui, les temps ont bien changé, tout est tourneboulé. Des fois, un sourire carnassier aux lèvres, tu rêves secrètement d'une gentille Marinette qui te gratterait derrière l'oreille... Mmmmmm ! Ce serait si doux !
Alors Mesdemoiselles, comme rien n'est moins sûr qu'un chasseur passera encore fortuitement, restez sur vos gardes dans les ruelles obscures et sur les terrasses ensoleillées des cafés, mais ne soyez pas trop dur pour ces loups franchement loups ou loups travestis, ils n'y peuvent rien c'est dans leur nature de dévorer des yeux, au fond, ils ne sont pas bien méchants.
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Commentaires
topotop ?
ce texte était adressé aux mesdemoiselles, et tu l'as quand même lu jusqu'au bout ?Ouaip, j'ai tout lu...
jusqu'à la lie... Rrwouacht ! (c'est approximativement le cri du garou !)Merci
de vous donner autant de mal pour lire en entiiier ce que j'ai écrit. Grrrr je pensais pas que c'était aussi difficile. :-)Mais je ne suis..
..pas convaincu que les loups dernier cri arpentent toujours les ruelles sombres le soir. Je les imagine ailleurs...C'est lui, là-bas,
le Maximgar qui lance des rumeurs : soit celle que je ne sais pas lire, soit celle qui ce que tu écris est dûûûûûr à lirrrrre... Lui, là, ô la vilaine que ce Maximus !Bonjour Fil
que je connais peu ou pas... Pour les autres, signalons que, chez moi, ce ne sont pas des marionnettes à Fil mais des marionnettes à moi. ;o]Coucou Lilly
Oui le loup n'est plus ce qui l'était, mais les petits chaperons rouges non plus... J'en connais une charmante mais qui ne se laisse croquer que quand ça lui chante :-)une chaperonne qui chante ?
ben on aura tout entendu... sinon shoupi bravo pour le lapsus qui dépersonnfie le personnage du loup, et qui rend à la chose son aspect de chose...Je ne saiq pas si c'est la
pleine lune mais en tout cas j'ai dévoré des yeux ....ton texte. Super, ma chère Shoupi !Bonjour ici...
...les loups solitaires ont parfois des élans de tendresse..."J'avais des dents d'loup je les ai changé, pour des quenottes !" Georges Brassens - Je m'suis fait tout p'tit - Bisous là...
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qui tricotent. Signé : un loup-garou. :o)